lundi 24 août 2009

F2. SARNATH, le MUSEE ARCHEOLOGIQUE


SARNATH, le MUSEE

ARCHEOLOGIQUE



Un voyage en Inde peut parfaitement se justifier pour visiter le musée archéologique de Sarnath. On ne ressort pas de tous les musées, conscient d'avoir vu plusieurs oeuvres exceptionnelles.
C'est le cas du musée de Sarnath.


Dans la guérite du jardin, on doit déposer sacs, appareils photo et caméras dans des casiers.
Dommage qu'on ne puisse photographier les oeuvres...
Dès l'entrée, une bouffée de fraîcheur nous euphorise.
La climatisation fonctionne à plein régime !

De plus, cette salle d'entrée est la plus belle.
Elle présente de nombreux Bouddha du Ve s, dans la posture de l'abhaya (offre de protection).
Deux énormes ombrelles de pierre, dont l'une est perchée sur son axe, donnent une idée de l'échelle des statues.
Et une Tara bien conservée, dont les seins en pamplemousse semblent prêts à exploser au moindre souffle...


Dans l'aile droite du musée, une salle regroupe les oeuvres hindoues.
Elles sont souvent abimées...
Mais une grande sculpture du XIIe s. est intéressante. Elle représente Shiva luttant contre le démon Andhaka.

La salle d'entree s'ouvre sur le célèbre Chapiteau aux Lions.
Il coiffait la colonne d'Asoka (IIIe s. av.J.C.), dont on peut voir des tronçons sur le site archéologique.
Du bloc de pierre jaillissent quatre lions sculptés avec leur tête, leur poitrail et leurs deux pattes antérieures.
Ils montrent les quatre points cardinaux, gueule ouverte, babines retroussées et crocs agressifs. Leur physionomie est ouverte, déterminée.
Au-dessus de leurs têtes était posée une Roue de la Loi en pierre.
Certains fragments de cette Roue sont exposés contre le mur.
Les pattes des quatre lions reposent sur un anneau, décoré d'une roue et d'un animal, en alternance.
Les animaux sont symboliques : taureau, cheval, lion et éléphant.
Le socle de l'anneau est une base sculptée en bouton de lotus, dont les nervures lisses sont très apparentes.



Ce bloc de pierre est massif, très stable, à l'image de la stabilité de la Loi bouddhique.
Le dynamisme de la Roue est lisible dans les boucles tourmentées de la toison des lions, les multiples rayons des roues, ou sur le bouton de lotus, dont les nervures rebiquent.
Et regardez ! Le cheval galope, le lion remue sa longue queue, tout change et se transforme...


Ce chapiteau est vraiment un chef d`oeuvre de l'art maurya, époque du grand empereur Asoka.
L'Union indienne l'a choisi comme symbole.
Il est dessiné au recto de tous les billets de banque indiens, en bas à gauche de chaque billet.

Mon oeuvre préférée du musee archéologique de Sarnath, représentative de la période gupta, est un Bouddha en posture d`enseignement.
Le siècle n'est pas précisé. Je suppose que c'est le Ve s. après J.C.
Son état de conservation est exceptionnel.
Seules les mains sont un peu abimées, ainsi que les deux anges, en haut de la Roue.

La grande pureté de style de ce groupe sculpté me réjouit.
Art classique, qui maîtrise à la perfection les lignes et les symboles.
Tout est à sa place.
Changer un élément reviendrait à détruire l'harmonie de l'oeuvre.

L'oeil est d'abord attiré par le Bouddha, assis en posture de yoga.
Les deux plantes des pieds regardent le ciel.
Dos vertical, épaules bien en place.
Les mains se touchent, aériennes, et papillonnent.
La tête est droite, sereine. Les paupieres baissées, presque closes.
Le corps est fin, sans excès de graisse.

L'attention se fixe ensuite sur la tête du Bouddha.
Au sommet du crâne, un chignon. Les nombreuses bouclettes rendent visible une chevelure rase.
Le front est dégagé. Beauté des arcades sourciliaires, du nez et des yeux baissés.
Une lèvre inférieure plus épaisse donne à la bouche un aspect sensuel.
Les oreilles, étirées en longueur, ne détruisent pas cette impression d'harmonie.

Bouddha est assis sur le symbole d'une fleur de lotus.
Sous le siège, le public est représenté par six personnes en prière.
Au milieu, la Roue de la Loi avec deux cerfs (ou deux biches).
Derrière le Bouddha, une grande Roue stabilise l'ensemble sculpté.
Au niveau des coudes, deux léogryfes debout se dressent vers l'extérieur.

Ce Bouddha est une oeuvre magnifique, sublime sous un angle spirituel.
Avec ce groupe sculpté aux dimensions humaines, l'art gupta atteint son apogée.
La beauté du visage dégage une sérénité exceptionnelle.
L'aisance de la posture des jambes et des pieds, l'agilité des mains donnent au corps sa souplesse.
La Roue du Dharma symbolise cette perfection. Sculptée du côté extérieur, elle reste lisse en son coeur pour mettre en valeur la tête du Bouddha.

Lionel Bonhouvrier.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire